En tant que Président du Conseil Français de l’Énergie, j’assistais cette semaine au congrès du Conseil Mondial de l’Énergie (World Energy Council) à Rotterdam.
Il s’agit du premier congrès du World Energy Council organisé après la crise des prix de l’énergie. Au-delà du succès de la manifestation (des milliers d’acteurs de l’énergie venant du monde entier), je retiens quelques idées fortes.
Le consensus sur les difficultés rencontrées à assurer le rythme de décarbonation nécessaire à l’atteinte des objectifs des COP. Si le diagnostic est désormais unanime, la multiplicité et la complexité des actions à engager impose de n’en ignorer aucune. Il faut le plus vite possible électrifier, innover et économiser les ressources.
On ne rencontre plus guère de contestation quant au rôle essentiel que jouera l’électricité d’origine nucléaire pour assurer, en complément des comportements et des infrastructures permettant sobriété et flexibilité des usages, la disponibilité des services. On n’entend guère que l’hydrogène serait la solution privilégiée pour la transition énergétique, et on ressent plutôt un certain scepticisme devant les multiples difficultés techniques et économiques, et devant la rareté des projets d’électrolyse en construction en dehors de la Chine. À quel horizon l’hydrogène bas carbone pourra-t-il jouer un rôle significatif dans la transition énergétique ?
Le partage des efforts entre les pays développés et le « Sud global » continue à faire débat. Le financement de la transition énergétique semble accessible aux premiers, mais manque dramatiquement aux seconds, et les attentes envers les Institutions Financières Internationales restent sans réponse significative.
Après des années où l’accent était presque exclusivement mis sur « l’atténuation », la nécessité d’engager concrètement « l’adaptation » est plus prégnante, et le rôle des États et des régulateurs reste à définir pour en assurer la réalisation. Une forte attente se dessine dans ce domaine pour compléter – en évitant de la complexifier davantage – les mesures d’atténuation engagées par la Commission européenne sortante.
Aux États-Unis, les récentes lois fédérales (infrastructures, « réduction de l’inflation ») et les besoins en énergie des centres de données liés à l’intelligence artificielle créent les prémisses d’une très forte accélération de la demande en électricité, de l’ordre de 6 à 8% par an. Les plateformes et les réseaux sociaux mondialisés appellent à des solutions de décarbonation excluant l’achat de certificats « verts », donc à des besoins considérables et à court terme en infrastructures de réseaux et de production pilotable. Une nouvelle concurrence se fait jour : au facteur de compétitivité s’ajoute la disponibilité de l’électricité bas carbone en temps réel et à proximité du lieu de son usage.
Félicitations aux futurs leaders de l’énergie français qui, avec l’aide du Conseil Français de l’Énergie, se sont rendus à Rotterdam et ont activement participé au Congrès.